Vous connaissez forcément ce genre de dîner durant lesquels le sujet de conversation glisse doucement vers la politique, et vous vous retrouvez rapidement largué ? Non ? Et bien nous, si. Un peu trop souvent. Et un des sujets qui revient le plus ces derniers jours est l’avenir du Royaume-Uni. Entre la démission de Boris Johnson, la démission de Liz Truss et l’incertitude concernant le/la prochaine ministre, le quotidien au 10 Downing Street est clairement compliqué.
Du coup, on s’est dit au Guide du Chat, qu’avoir un chat pour premier ministre, ça faciliterait les choses. Mais ça, c’était avant qu’on apprenne que le 10 Downing Street était déjà occupé par des chats ! Quelqu’un aurait-il eu cette idée brillante avant nous ? Il faut croire que oui.
Les chats au 10 Downing Street
Être un chat n’est pas forcément synonyme de siestes à volonté et de gratouilles sur le ventre. Et ça, les anglais l’ont compris bien. On calcule l’arrivée du premier chat “Souricier en chef du Cabinet” sous Henri VIII, même si les archives anglaises ne font mention d’un chat que le 3 juin 1929.
Car vous avez bien lu, le chat officiel de Downing Street a un titre, et donc un emploi (d’ailleurs il est considéré comme fonctionnaire). Il est employé pour chasser les souris et autres rongeurs qui viendraient perturber la tranquillité du Premier Ministre et de ses conseillers.
En tant qu’employés, ils n’appartiennent pas au Premier Ministre en poste, et il est donc commun que les Souricier en chef voient passer plusieurs chefs d’Etats devant leurs yeux. C’est le cas de Peter, qui a travaillé pendant 17 ans au 10 Downing Street, sous les yeux de Stanley Baldwin, Ramsay MacDonald, Neville Chamberlain, Winston Churchill et Clement Attlee.
Enfin, sachez que le Souricier en chef du Cabinet est payé ! En 1929, le Trésor Anglais autorise la dépense d’un penny par jour pour “l’entretien de l’efficacité du chat”. Depuis 2005, le Souricier coûte 100 livres par an.
Larry The Cat, actuel Souricier en Chef du Cabinet
L’actuel Souricier en chef se nomme Larry The Cat. Embauché le 15 février 2011, c’est originellement un chat de rue qui fut adopté par le centre Battersea Dogs and Cats Home. Ayant un “fort instinct de chasseur” (selon le Gouvernement), il est recommandé au Premier Ministre de l’époque James Cameron.
Larry arrive donc au Cabinet pour “réfléchir à des solutions concernant l’occupation des lieux par les souris” (selon le site du gouvernement Britannique) et est actuellement “en phase de planification tactique”. Larry doit également “accueillir les invités, inspecter les défenses de sécurité et tester le confort des meubles pour la sieste” (oui, on est sérieux).
Faire ses preuves en tant que Souricier en Chef
Vous l’aurez compris, la vie de Souricier en Chef n’est pas de tout repos. D’ailleurs, Larry a de temps en temps reçu quelques critiques. Selon le Tabloïd Mirror, il a même failli perdre son titre : “La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est arrivée lorsque David Cameron a surpris Larry en train de faire une sieste sur sa chaise dans son bureau, alors qu’une souris traversait la pièce”. Aïe, coup dur pour la patoune la plus politisée d’Angleterre.
Et pourtant, Larry a su remonter la pente et même justifier sa présence et son travail récemment. Le 18 octobre 2022, il est filmé en train de chasser un renard !
Fox off.pic.twitter.com/rEn6GRWSs2
— Larry the Cat (@Number10cat) October 10, 2022
Dans un pays habitué aux animaux politisés (on pense aux corgis d’Elizabeth II), Larry a su se faire sa place. Selon le site du gouvernement “il a conquis le cœur du public. En retour, la nation lui envoie quotidiennement des cadeaux et des friandises”. Il a d’ailleurs son propre compte Twitter (non officiel) dans lequel il critique la situation politique anglaise avec un brin d’humour. 768 300 abonnés le suivent, ce n’est pas rien.
Larry, politicien malgré lui
Si certains peuvent voir un rôle drôle et mignon pour ce chat, sachez qu’il n’en est rien. Un chat est évidemment un instrument politique. Dans le cas des Souriciers en chef du Cabinet, ils servent également à “ […]humaniser le Premier ministre […] à faire distraction” en période difficile, selon l’historien Anthony Seldon.
Il fait également sourire par ses “prises de parti politiques” sans s’en rendre compte. Aussi, il était par exemple très amical avec l’ancien Président des Etats-Unis Barrack Obama, mais s’est caché sous la limousine de son successeur, Donald Trump, l’empêchant de démarrer et donc de suivre son organisation. Un détail qui a fait sourire beaucoup d’anglais.
Car dans une période aussi trouble concernant le futur de l’Angleterre, qui pourrait mieux décrire le rôle du Souricier que la National Public Radio ? “Larry – le nonchalant, l’inamovible, l’irrésistible – pourrait bien être la personnalité politique la plus fiable du Royaume-Uni aujourd’hui.”
Nous, en tout cas, on l’adore.
